Réponse d'un simple militant écologiste à "Agir Vite" : les idées et le projet avant les ambitions personnelles

Publié le par Benoit PETIT



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L'association "Agir Vite" a récemment publié une lettre ouverte aux adhérents CAP21 les implorant de rejoindre la coalition des écologistes - initiative de Daniel Cohn-Bendit - qui sera présentée aux élections européennes. C'est donc en tant qu'adhérant de CAP21 - et non en tant que l'un de ses responsables nationaux et régionaux - que je répond : parce que dans cette affaire, ce n'est pas un message de structure politique qu'il faut apporter, mais une conviction fondamentale de militant qu'il faut exprimer au plus grand nombre. Peu importe les partis ! C'est chaque militant écologiste qui doit réagir, individuellement, dans ce débat sur la refondation de l'écologie politique. C'est trop important comme enjeu pour laisser les structures décider à notre place.

Mes commentaires sont donc en orange. Ils n'engagent que moi, mais ils sont partagés bien au-delà de moi.

Donnez votre avis, vous aussi, quel qu'il soit (dès lors qu'il est sincère et respectueux des autres et des personnes), dans les commentaires du blog.

 


Lettre ouverte de l’association « Agir Vite »,

aux adhérents de CAP21 et à Corinne LEPAGE

Agir Vite tient à vous exprimer sa consternation de voir que CAP21 n’envisage toujours pas de participer au rassemblement initié par Daniel Cohn Bendit pour les élections européennes, au prétexte « qu'elle ne repose sur aucun idéal commun et ne s'inscrit en aucune manière dans une démarche de long terme de rassemblement de la famille écologiste » (votre communiqué du 14 septembre 2008), formulation qui nous étonne a plus d’un égard.

C'est effectivement notre position. Nous pensons que la refondation de l'écologie politique doit se faire en premier lieu autour de l'écriture d'un projet de société, et non autour du rassemblement de personnalités étiquetées "écologistes" par les médias.
Or écrire un projet de société, c'est avant tout apporter une analyse et des réponses communes à des grands enjeux, dont les crises financières, écologiques, sociales, économiques, culturelles et institutionnelles démontrent l'ampleur et l'importance. Sur ce point fondamental, nous ne voyons pas poindre l'once d'un début de consensus entre les différentes composantes de la coalition de Daniel Cohn-Bendit : l'Europe, l'acceptation du capitalisme comme système mondial de développement, l'émergence d'un tiers-secteur entre l'Etat et l'Economique pure, l'analyse et l'orientation des politiques communautaires de concurrence, la gouvernance des échanges mondiaux... sur tous ces sujets comme sur beaucoup d'autres, les différentes familles de l'écologie politique française (et européenne) n'ont pas amorcé le début d'une réflexion commune permettant de dégager des premières positions communes.

Dans ces conditions là, il me parait clair que le rassemblement proné par Daniel Cohn-Bendi ne repose sur aucune base projet solide. Elle n'a l'avantage que de soulever une diversité de problèmatiques que les écologistes, à défaut d'etre d'accords sur les solutions, portent depuis de nombreuses années. Néanmoins, le temps n'est plus à l'alerte et l'information, mais à l'action. Et notre point de vue est que l'action diparate et non cohérente aboutit, finalement, à l'inaction et à l'affaiblissement de nos convictions.

Depuis cinq ans, Agir Vite, association statutairement et effectivement indépendante de tout parti politique, s'est donnée comme but d'aider les partis écologistes à se rassembler pour les élections, et ainsi dépasser les quelques pourcents obtenus jusqu'à présent par chacun d’entre eux, bien insuffisants pour avoir, isolément ou ensemble, le rôle politique moteur qu’ils devraient collectivement jouer.

Cette initiative reposait sur un constat : les scores séparés des différents partis à étiquettes écologistes étaient très en dessous du potentiel représenté par la sensibilité écologique du corps électoral, qu’on prenne ces scores séparément ou qu’on les cumule.
Forts de ce constat, nous avons créé à plusieurs reprises, au niveau régional, cantonal, ou municipal, les conditions d'un dialogue entre les partis en lice, les VERTS et le MEI en particulier.

Désespérés des résultats électoraux désastreux, prévisibles et prévus, accumulés par les Verts scrutin après scrutin, nous avons interpellé à maintes reprises de nombreux militants VERTS et leur Bureau National (courriers disponibles sur notre site) pour dénoncer le caractère suicidaire de leur comportement hégémonique.

Nous l'avons fait également à plusieurs reprises, notamment avant la constitution du MoDem lorsque CAP 21, les Verts et les amis de Nicolas Hulot, nous nous somems retrouvés à Coutances et à Saint-Denis - dans le cadre de nos Universités d'Eté respectives - pour débattre de la refondation de l'écologie politique et de son projet.

Simplement, nous avons très rapidement constaté le défaut de volonté politique en faveur d'un réel rapprochement. Au-delà des tactiques politiques engagées par les uns et les autres (chacun dans son coin) dans la perspective des présidentielles, législatives et municipales, les désaccords ont surtout porté sur les éléments de fond que j'ai évoqué précédemment.

Je ne condamne pas les appareils politiques d'avoir laissé échouer cette espérance d'un renouveau écologique. Cet échec a au moins eu le mérite de démontrer que l'on ne pouvait pas se contenter d'une addition de "stars médiatiques" pour redynamiser l'écologie politique, et qu'il était nécessaire de procéder à une profonde introspection idéologique et doctrinale préalable.

L'échec de l'écologie politique n'est pas, contrairement à l'idée répandue dans l'opinion, les égoismes et les ambitions personnelles de ses leaders - si c'était aussi simple... - mais est plus globalement la défaite des idées, et l'abdication de la pensée.


Nous leur avons fait valoir, à chaque fois, comment leur association déséquilibrée avec le Parti Socialiste s'est toujours faite à leurs dépends (et, fait autrement plus grave, à ceux de l’environnement), les quelques élus que le PS leur avait consentis n'ayant jamais eu que le pouvoir d'acquiescer ou de se taire. Et leurs ministres n’ont eu que la lattitude d’avaler des couleuvres.

Une dépêche AFP d’hier rapporte que ce lundi 20 octobre, « Cohn-Bendit présentera son "rassemblement" avec Joly, Bové et Waechter », [et J.P BESSET, l’un des plus proches collaborateurs de Nicolas HULOT, NDLR].

Ce rapprochement inespéré est celui qu’Agir Vite appelle de ses voeux depuis cinq ans, et qu’avec nous, un nombre considérable et rapidement croissant de Français attendaient.

Pour que le succès soit large au rendez-vous du 7 juin prochain, ne manquent plus à l’appel que CAP21 et sa Présidente.
Or CAP21, autour de Corinne Lepage, pourtant forcément interpellé par cette opportunité inespérée de rassemblement, se retranche derrière des prétextes convenus, pour tenter de justifier une poursuite de son association avec le Modem, parti bien plus important que lui.

Vous avez parfaitement le droit de penser que la question du projet est un "prétexte convenu". Nous avons le droit de penser que c'est justement votre conviction qui créé les conditions de la crise du politique en général, de la crise de l'écologie politique en particulier. Je trouve néanmoins dangereux pour une société de dire que les idées et la cohérence de l'action politique son en quelques sortes accessoires, et que seul compte le potentiel électoral que peut représenter, sur le papier, l'addition de personnalités qui ne pensent pas pareil dès lors qu'on gratte un peu les apparences.

Si nous sommes aujourd'hui engagés dans le MoDem, c'est avant tout parce que nous partageons, avec les autre adhérants de ce mouvement, une analyse globale et spécifique de ce qui se passe actuellement dans l'ordre économique, social, institutionnel, écologique et sanitaire. Que nous avons la certitude que le projet du MoDem peut donner ce que la somme de toutes les structures écologistes n'ont jamais pu donner : un projet de Développement durable.
Vous pouvez bien évidemment etre en désaccord avec nous sur les orientations du projet MoDem dont nous avons, depuis un an, déja livré des éléments importants - et particulièrement sur les problématiques de santé, d'environnement, de gouvernance mondiale, de promotion de l'Economie sociale et de l'env-économie - mais alors reconnaissez que si votre désaccord est réellement fondé (sur le fond justement), c'est bien la preuve qu'unis dans une coalition d'écologistes comme le propose D. Cohn-Bendit, nous ne serions pas en mesure de défendre ensemble et d'une meme voix, le projet politique que les Français attendent que nous leur présentions.


CAP21 reproduit ainsi, une situation d’un autre temps, celle des alliances désastreuses des VERTS avec le PS. A vouloir maintenir une stratégie surannée face à une situation pourtant totalement nouvelle et porteuse d’avenir, Corinne LEPAGE comme votre groupe, vous porteriez, seuls, la responsabilité des effets certainement néfastes de cette division, car elle ne manquerait pas d’affecter le degré de mobilisation du corps électoral écologiste potentiel.

La encore, vous raisonnez en termes de potentiel (supposé) électoraliste. Ce n'est pas notre point de vue. Je le redis clairement : en politique, sans cohérence au niveau du projet, les additions électoralistes aboutissent en définitive à des soustractions destructrices dans les urnes. 

Il y a lieu d’ajouter, que les trois élus Modem qui viennent de l’UDF et qui étaient déjà députés européens de 1999 à 2004, avaient voté tous les trois, uniformément, contre les propositions qui leur étaient présentées pour la protection de l’environnement, et pour les amendements proposés pour les amoindrir ou les saboter. La compilation qui en avait été faite en 2004 (*) à l’initiative des Amis de la Terre, de titre « Votre député européen agit-il pour la santé et l'environnement ? » le montre clairement.
(http://www.notre-planete.info/actualites/actu_359.php)

(*) Pour ce qui est des actuels six députés européens Modem issus de l’UDF, (législature 2004-2009), la récapitulation équivalente de leurs votes n’est pas encore publiée.

Néanmoins, vous passez sous silence nos élus MoDem qui viennent des listes Verts, vous passez également sous silence la masse d'élus locaux et régionaux MoDem, y compris venant de l'UDF, du PS ou d'ailleurs, qui bataillent au quotidien pour la santé publique et l'environnement. Je vous invite, par exemple, à venir constater par vous meme ce qui se passe dans ma région, autour du dossier de l'incinérateur de Fos, du projet ITER, de la LGV ou du Parc des Calanques. Nous y avons vu beaucoup plus d'élus MoDem, toutes origines politiques confondues, que Nicolas Hulot, Cécile Duflot et autres personnalités de la coalition que vous défendez.

En outre, à évoquer les votes, posez-vous la question de la responsabilité politique encore plus grande de ceux de votre coalition qui ont fait campagne pour le Non à la Constitution européenne qui, sur un grand nombre de problématiques sanitaires et environnementales, apportait des réponses dont notre combat commun (le respect de l'environnement et de la santé) avaient pourtant grand besoin.

Les choses sont bien plus complexes que ce que vous laissez entendre. Si nous devions partager le monde entre les "gentils" écolos sincères et engagés, et les "méchants" anti-écolos ou a-écolo, alors nous serions une infime minorité, certe pétrie dans le bien-fondé de nos convictions, mais incapables d'espérer un jour peser sur la vie politique.
Nous devons convaincre ceux qui ne le sont pas encore, avec respect et pédagogie, et nous abstenir à verser dans des stigmatisations aussi faciles que stériles.
Mais pour convaincre, encore faut-il savoir précisément quel projet nous voulons porter à la confiance des autres... Il y a aujourd'hui des convergences avec les militants du MoDem sur des enjeux essentiels qu'il n'y a pas avec certains autres militants écologistes placés dans d'autres structures.... c'est fort regrettable, nous en convenons bien. Mais c'est ainsi. 

S’il est vrai que nous partageons, vous et nous, le même souci impératif du devenir de la planète et de ses habitants, alors, nous vous demandons instamment, à vous les membres de CAP21, de prendre acte des faits énoncés ou dénoncés ci-dessus, de reconsidérer cette décision, et de faire en sorte de joindre d’urgence vos forces, votre renom et vos ressources à cette alliance, seule porteuse d’avenir, et à très court terme.

Vous trouverez toujours CAP21 dans les discussions entre écologistes qui partent du constat que la refondation de l'écologie politique se fait à partir du projet, et seulement du projet. De la meme manière que vous nous trouverez encore et toujours dans les combats pour l'environnement et la santé : OGM, déchets, transports, urbanisme, énergie, lutte contre la corruption, etc...

Mais à mon tour, permettez-moi de vous faire une supplication : ne portez pas le dernier coup fatal à l'écologie politique en donnant aux gens l'image détestable dont souffrent le PS, et dans une moindre mesure "visible", l'UMP, c'est-à-dire un rassemblement de personnalités politiques qui n'a pas la prétention de proposer un projet cohérent et ambitieux pour l'Europe et la France, mais se fonde uniquement sur des raisons purement électoralistes (dont l'issue risque fort d'etre hasardeuse et décevante). Les Français aiment les idées, et tout ceux qui sous-estiment leurs exigences en la matière se retrouvent violemment (et parfois durablement) sanctionnés dans les urnes.


Ecologiquement vôtres.

Les adhérents et sympathisants actifs d’Agir Vite consultés en ligne, et Pierre Holveck, président.

Publié dans Archives

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B
Anonyme, Vous avez parfaitement le droit de penser que la politique n'est cohérente que dans l'affrontement gauche-droite. Mais nous avons, nous, le droit de penser qu'elle n'est cohérente qu'autour des projets collectifs. Pour se battre pour l'environnement, contre l'exclusion ou pour le développement économique, toutes les volontés sincères sont les bienvenues, dès lors qu'elles respectent le fond qui créé le consensus. Vous pouvez penser qu'il n'y a aucune cohérence de fond possible entre des gens de droite, de gauche, de l'écologie, du centre et de la société civile... pour l'avoir expérimenté sur Aix, je sais que c'est parfaitement possible. En tout cas, nous avions plus de cohérence entre nous, venus de tous horizons, que les principaux éléphants du PS, ou les principales personnalités chez les Verts.
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A
Et des alliances au bon vouloir avec tantot l'UMP, tantot le PS suivant les villes pour le deuxième tour des municipales, c'est la cohérence d'un projet politique ou c'est une volonté électoraliste ?<br /> Là ou le modem réussi en tout cas c'est dans le maniement de la langue de bois. Encore un bon exemple merci !  
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G
Bonjour Benoit,j'ai également reçu le mail d'Agir vite, et j'avais pour intention d'écrire une réponse sur le blog Auvergne. Je ferais un lien sur celle ci qui est certainement plus complète et argumentée que celle que j'aurai pu faire.Cordialement
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C
Cette photo est moins belle que celle avec Waechter !!!PS ils attendent un peu pour sortir le cadavre d'Alexis Carrel
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E
Je suis d'accord avec l'indépendance de Corinne Lepage et Cap21 qui ont fait des débats ouverts sur cette possibilité d'alliance avant les présidentielles, résultats !Pour avoir entendu récemment débattre D.Cohn Bendit (déjà en campagne pour les Européennes) avec JF Kahn entre autres dans une réunion"non politique", je suis confortée dans cette idée malgré le nombre d'écologistes sincères qu'il y a dans tous ces petits partis.Ce sera une alliance d'orateurs à "bonne bouilles "médiatiques, mais le pôle écologique Cap21 et les nombreux membres écologistes MoDem (ex-verts etnouveaux) rassemblent suffisamment de compétences pour réussir un projet d'envergure européenne avec Corinne lepage et JL. Bennhamias. membre Cap21-MoDem 06
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