Bonne année 2009 ? Mouais, ca reste à prouver...

Publié le par Benoit PETIT


http://www.guyvan.com/images/bonne-annee-calligraphie-guyvan-9198.jpg


Indiscutablement, à mes yeux, 2007 fut l’année des désillusions politiques. Avec l’élection d’un Président néo-conservateur, ami intime des grandes fortunes les plus influents du pays, et porte-étendard des religions les plus militantes sur le terrain de la « Morale » ; un Président obsédé par les potentiels gigantesques qu’offrent les médias en matière de manipulation collective ; un Président qui veut tout controler, tout décider, tout créer, comme si la notion de contre-pouvoir n’existait pas. Mais plus inquiétant encore, avec l’élection d’un Président qui, pour imposer ses convictions personnelles, n’hésite pas à jouer de la rhétorique de la « peur » et des « insécurités », pour mieux se forger son « mythe » d’Homme providentiel. 

2008, pour sa part, a été l’année des angoisses économiques. Avec l’atomisation de la finance internationale, le dessèchement du pouvoir d’achat, et les frasques de Jérome KERVIEL ; avec le retour en force des plans de licenciements économiques massifs, et la déstructuration du modèle social et hospitalier français (au nom, soit disant, de la réduction de la dette) ; avec, surtout, l’application d’une politique économique qui ignore le caractère central des valeurs de l’Humanisme et de l’Ecologie, et qui par conséquent, augmente le degré de risques auxquels les générations présentes et futures sont exposées.

 

Alors que sera 2009 ? Quel lot de préoccupations viendra s’ajouter aux précédentes ?

Veuillez excuser mon pessimisme, mais je n’ai malheureusement aucune raison d’espérer des lendemains meilleurs… en tout cas, l’actualité de ces tous premiers jours de janvier ne me l’autorise pas. Je laisse donc volontiers aux autres responsables politiques le soin de vous présenter des vœux auxquels ils ne croient pas (pas plus que nous d’ailleurs). Pour ma part, je préfère que l’on se parle franchement : lorsqu’une crise politique s’exerce en meme temps qu’une crise économique et sociale durable, et que, par-dessus, viennent se greffer des tensions géopolitiques fondamentales, cela n’augure en rien un avenir clément. La seule question qui nous intéresse est comment se protéger, au moins le temps que la tempete mondiale passe.

 


Nul besoin d’etre issu de Sciences-Po pour comprendre que les évènements du Proche Orient précipitent la scène internationale dans une situation qu’elle a pourtant cherché à éviter de toutes ses forces en 2008. Le déraillement du système financier mondial a mis tous les protagonistes sur un meme plan d’égalité : les investisseurs américains, européens, moyen-orientaux, chinois, russes, indiens… se sont tous retrouvés, en meme temps, dépourvus de leurs capacités d’action sur les affaires du monde. Et tous partagent la meme conviction : avant meme les intérets géopolitiques, la priorité est de reconstituer un système financier mondial qui permettra une excellente circulation des capitaux. Si nous, les peuples, nous voulons que cette refonte se fasse dans la promotion et la garantie de principes éthiques (et notamment la transparence), eux, les investisseurs, n’y pensent pas un instant. Ce n’est ni leur intérêt (encore moins lorsqu’ils existent au-travers de régimes politiques non-démocratiques), ni leur intentions. Leur seul but est de réparer la machine, lui apporter les adaptations que la modernité économique imposent, et de se replonger dans leurs petites affaires géopolitiques et lucrative, une fois terminé.


Petite ombre au tableau néanmoins : l’apparition du conflit armé entre les Israeliens et les Palestiniens vient compromettre la réussite des négociations sur le nouveau système financier international. Car meme si les principaux dirigeants du monde arabe refusent toujours leur soutien officiel aux Palestiniens (pour éviter l’escalade), chaque regain de tension dans cette région du monde est ressenti personnellement par tous. Par le monde musulman, évidemment. Par les américains, en raison de leurs liens avec Israel. Par les européens, en raison de leurs liens avec le Proche orient. Par les russes et les chinois, du fait de leurs intérets économiques. Etc… Cette terre n’est pas simplement sainte aux yeux des trois grandes religions du monde. Elle est surtout au cœur de tout le système géopolitique, et ce depuis des millénaires. Il est quasi-impossible de s’engager sereinement dans un « round » de négociations internationales, dès lors que les bombes et les chars ravagent le Proche Orient.

 


Or pendant que le Monde se bute aux impasses qu’il créé. ; tandis qu’il réalise son incapacité à définir son destin ; alors qu’il est traversé par une crise de confiance gravissime, et dont les précédents dans l’Histoire ne sont pas des bons souvenirs pour l’Humanité ;


Pendant que notre Président de la République gesticule partout, cherchant à etre le sauveur de l’Europe, le sauveur du système financier, et le sauveur du Proche Orient (à défaut d’etre le sauveur de la France) ; tandis que la Gauche se pose la question de son identité, et la droite se pose celle de son pouvoir ; alors qu’aucun politique n’entend les alertes des Enfants de Don Quichotte, et de tant d’autres acteurs associatifs qui oeuvrent contre le développement de la précarité sociale ;


Bref, pendant cette vaste comédie humaine, où les puissants donnent le spectacle de leur déchéance, où les élus se répandent en « guignoleries », et où le Peuple renoue avec le spectre de la Misère, les risques écologiques et sanitaires se réalisent. Le changement climatique est en cours, les OGM se commercialisent, les incinérateurs tournent à plein régime, les  « dégazages » en haute mer se pratiquent quotidiennement, les cancers se propagent… en un mot, les menaces que nous, écologistes, prédisons au monde depuis 40 ans, sont tout simplement en train de se réaliser.

 


Alors non. Toutes mes excuses, mais je ne vous souhaiterai pas une bonne année 2009 (sauf, biensur, sur un plan purement personnel, pour votre santé, votre bonheur familial et vos projets) parce que 2009 ne sera pas une bonne année quoi qu’il arrive.

Je ne peux que vous souhaiter la meilleure année 2009 possible. Que s’instille dans ces prochains mois, la petite graine à partir de laquelle, dans quelques années, germera le changement de notre système politique, économique, social et environnemental.


En effet, ce à quoi nous aspirons est une « révolution ». La première « révolution pacifique et démocratique » du XXIe siècle. Une révolution qui se traduira par l’instauration d’une 6e République, fondée sur l’équilibre « pouvoirs/contre-pouvoirs », et porteuse d’une refonte générale de notre système de responsabilité. Une révolution « démocrate ».

Meme si le temps est au pessimisme pragmatique, nous devons tous etre conscients que nous pouvons changer les choses, si telle est notre volonté. C’est, finalement, la seule leçon de l’Histoire qui mérite d’etre retenue et reproduite. Le chemin est long, se pratique par étapes, et comporte de nombreux écueils. Mais à son bout, il y a un modèle de société qui respecte l’Homme et son environnement, sans pour autant nier le Marché comme mode d’échange économique élémentaire. Nous n’avons plus le temps de tergiverser. C’est en 2009 que nous devons nous engager pour la révolution démocrate.

 


Que cette nouvelle année soit celle où, du pessimisme le plus sombre, naitra l’optimisme le plus éclatant… rien que cela, ça serait déjà beaucoup !

      

Publié dans Archives

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
La lecture de cet article devrait vous intéresser : http://onciale.wordpress.com/2009/01/06/coup-de-geule-bonne-annee/Merci de faire le nécessaire...
Répondre
A
Bonsoir, je consulte ton blog et j'aimerais croire au changement mais c'est plutôt mal parti ; des licenciements à tour de bras, des cotisations à la hausse, un pouvoir d'achat en berne,... Je tiens sur mon blog une chronique satirique sur la vie de mon mari qui est artisan maçon et les difficultés qui rencontrent au quotidien (les articles sont intitulés JOJO LE MAçON). La FRANCE s'engouffre, son déficit atteint des sommets, si on veut que les choses changent vraiment ils nous restent à nous la FRANCE d'en BAS une chose à faire "la révolution" et beaucoup d'entre nous y pensent malheureusement nos pouvoirs politiques n'entendent pas le grondement de la majorité des français. Je suis ouverte à toute discution....Respectueusement ANA
Répondre
C
Bravo! Vous résumez parfaitement ce que je pense. Le temps en effet est au pessimisme pragmatique mais combien  y a-t-il de réellement conscients sur cette planète ? Les médias attisent l'Info uniquement pour le tirage ou l'audimat et ne voient chez leurs lecteurs qu'un intérêt lucratif; Le vrai travail de fond éducatif est-il commencé ? That is the question ? il y aurait tant à dire...Bonne année pragmatique Benoît
Répondre