Panique à l'Elysée : le "sarkozysme" est dissous par obligation politique

Publié le par Benoit PETIT


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Chaque fois que je regarde un « Sarko-show » à la télé, j’ai cette désagréable impression d’etre pris pour un imbécile. Alors que tous les feux sont au rouge (dans l’économie, dans le social, dans l’environnemental, dans l’institutionnel…), au moment où tous les extremes se réveillent (de gauche, de droite, religieux), le Président de la République n’a rien d’autre à nous dire que : « n’ayez pas peur, gardez la foi, je suis un type responsable, et meme si vous ne comprenez pas mon action, vous verrez bien (un jour prochain) que j’avais raison ».  Mouais. S’il y a des gens pour le croire, tant pis pour eux. Personnellement, j’ai besoin d’un peu plus de « biscuit » pour etre convaincu. Mais il y en a-t-il ?

 

Ma plus grande crainte, au fond, n’est plus le « sarkozysme ». Car la situation d’aujourd’hui est bien pire encore : le Président à décidément choisi de dissoudre le « sarkozysme », mais il ne propose aucune orientation alternative pour son action. En gros, nous avons toujours le pilote dans l’avion, mais ce dernier ne sait plus du tout où il doit aller, ni comment il doit y aller. Or d’après vous, quel est le plus dangereux : voler vers une mauvaise destination, où voler sous les commandes d’un pilote qui est complètement paniqué et désorienté ?

 

Je m’explique : le « sarkozysme » est dissous par son créateur… Clairement, tout le discours du candidat Sarkozy en 2007 est purement et simplement rangé dans les placards. Le modèle économique dont il a fait la promotion - et qui était calqué sur le modèle économique de l’administration Bush (les « crédits hypothécaires » ou « subprimes », la dépénalisation du droit des affaires, etc…) – a été brutalement rendu caduque par la crise financière mondiale. Quant au modèle de société néoconservatrice dont il a également fait la promotion – et qui, lui aussi, était calqué sur le modèle de l’administration Bush (la promotion des valeurs morales religieuses, l’allègement du système social, l’organisation d’une main d’œuvre de travailleurs flexibles et précaires, le « flicage » des individus et l’atteinte aux libertés fondamentales…) – ce modèle n’est plus tout à fait à l’ordre du jour, notamment après le choc provoqué dans l’opinion par la réintégration des extrémistes au sein de l’Eglise catholique (dont un qui se complait à répandre ses thèses révisionnistes nauséabondes). Avec une telle image négative, c'est sur, le néo-conservatisme va se vendre beaucoup moins bien dans l’opinion (ouf !), d’autant que cette dernière a déjà très mal réagie auparavant sur le fichier Edwige, sur l’utilisation de l’ADN dans les politiques d’immigration, ou encore sur le concept de « laicité positive ».

 

Bref, dépossédé de ses deux piliers – l’ultra-libéralisme et le néo-conservatisme – le « sarkozysme » n’est plus un moteur suffisant pour porter l’action du Président vers un second mandat. Du coup, ce dernier est obligé de le dissoudre. Mais un gros imprévu quand meme : il n’y a pas de plan B. Il n’y a plus de fond doctrinal. A sec ! La seule chose qui subsiste, c’est un style – le style « manager » hyperactif – c’est éventuellement un art de la tactique politicienne (et la montée de Besancenot dans les médias que Nicolas Sarkozy contrôle n’est pas anodin), mais c’est tout… et le Président le sait : c’est insuffisant pour espérer sortir renforcé de la crise et engager un second mandat.

 

Pas étonnant, dans ce climat anxiogène pour l’Elysée, que les grandes manœuvres ont été diligentées à l’UMP. Il faut tout d’abord protéger le Président en interne contre les courants certes soumis mais hostiles (les chiraquiens, les Nouveau Centre… mais aussi les libéraux et les néo-conservateurs qui se sentent, à juste titre, lachés d'un coup par leur Chef). Il faut ensuite mettre en avant les porte-flingues du Président (Xavier Bertrand, Nadine Morano, Frédéric Lefebvre…) pour détourner l’attention de l’électeur de la crise doctrinale qui affecte la majorité présidentielle. Il faut enfin transformer l’Elysée en QG de campagne pour les européennes et les régionales, histoire de limiter au maximum la débacle électorale qui s’annonce.

Mais personne n’est dupe. Tous ces remaniements, ces gesticulations, ces provocations et ces grands sentiments humanistes n’ont qu’une seule fonction : nous endormir, nous abrutir, nous tromper !

 

Tachons de retenir la leçon pour la prochaine élection présidentielle : ce n’est pas parce qu’un candidat a l’air sur de lui, et parle avec un langage plus « moderne » et plus direct, qu’il est pour autant l’Homme de la situation. Rien n’est plus important que le projet, et sa crédibilité face au contexte international. La France n’a pas besoin de paroles qui se dissipent au grès des vents. Elle a besoin d’idées, et des idées qui vont dans le sens de notre époque.

Nos sociétés ont besoin de démocratie, pas de centralisation de tous les pouvoirs. Nos sociétés ont besoin de transparence, pas de conflits d’intérets entre le politique et l’industrie. Nos sociétés ont besoin d’investir dans l’économie verte et l’économie sociale, pas dans les industries polluantes et les les entreprises sans éthique. Nos sociétés ont besoin de développer leur Education nationale, leurs Universités, leur Justice, pas de les sacrifier sur l’autel de la réduction de la dette publique.

 

Voila ce que j’aurais aimé entendre, ce soir, du Président de la République… des mesures concrètes qui ne sont jamais venues dans l’émission. A la place, j’ai vu « un petit garçon » (dixit PPDA) complètement désarçonné par le drame que plus personne dans la cour n’a envie de jouer aux jeux qu’il propose. Et plutot que de jouer aux jeux qui sont proposés par les autres, notre « petit Nicolas » reste tout seul dans son coin, avec ses regrets de ne pas avoir pu briller avec ses billes ultra-libérales et néo-conservatrices. La vie est décidément injuste... surtout pour les Français !   

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A
C'est de nouveau ana si vous aimez les parodies sur sarkozy, j'ai mis en ligne bon nombre de fichier.pps et vidéo reçus circulant sur la toile par mes amis. On y passe un bon moment c'est hilarant mais tellement vrai!A bientôt
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