Le "clan" des Joissains reprend possession de la Ville... main basse sur la Démocratie
Ce dimanche matin s’est tenu le premier conseil municipal faisant suite aux élections des 12 et 19 juillet 2009. A l’ordre du jour, principalement : l’élection du Maire et de ses adjoints, ainsi que des représentants Aixois qui siègeront à la Communauté d’agglomération… des moments forts dans la vie d’une municipalité, qui structurent à la fois un comportement de pouvoir et une conception de la démocratie locale. Et le moins que l’on puisse dire est que le « clan Joissains » a pleinement repris ses quartiers à la Mairie, appliquant (sans honte ni gêne) les méthodes déshonnorantes qu’on lui connaît.
Le premier discours « politique » a été tenu par Jean CHORRO, président de la séance en sa qualité de doyen d’âge. Sous le regard triomphant et hautain d’Alain JOISSAINS – assis derrière lui, juste en dessous de la photo officielle de Nicolas SARKOZY – M. CHORRO s’est visiblement senti obligé de justifier le contestable : la légitimité de l’équipe élue majoritairement. « Tout s’est bien passé s’agissant de la régularité du scrutin », « le vote s’est déroulé dans des conditions morales et matérielles irréprochables », « la sagesse est d’admettre la légitimité des urnes »… autant de jugements personnels qui sont aujourd’hui soumis à la juridiction administrative, laquelle dira, dans quelques mois, si elle partage ou non l’avis subjectif de M. CHORRO.
Je passe sur tous les aspects du discours qui n’ont strictement aucun intérêt politique – l’éloge dégoulinant de culot et d’hypocrisie qui a été dressé sur Mme JOISSAINS et son « bilan » - pour ne retenir qu’un petit « coup bas » très révélateur de l’état d’esprit du clan : selon M. CHORRO, contester en justice la sincérité du scrutin équivaut ni plus ni moins à manquer de respect à l’endroit du personnel municipal. Comme si exercer un droit démocratique et républicain pouvait être une offense aux acteurs de la démocratie et de la République… cette confusion entre les élus politiques et les services de la Ville est consternante ; cette approche nauséabonde du Droit électoral est choquante ; cette volonté de d’opposer frontalement 49,8 % des électeurs aux personnels municipaux est purement et simplement inqualifiable. Oui, clairement, dès le premier discours, le « clan » Joissains a repris ses habitudes qui nous déshonnorent collectivement… Le pire restait à venir.
Le deuxième discours politique de la séance est venu cette fois d’Alexandre MEDVEDOWSKY, lequel a eu beaucoup de mal à faire entendre la voix de l’opposition du fait des « huées » des partisans de Mme JOISSAINS (pour information, la salle du conseil municipal devait normalement être réservée aux élus et aux fonctionnaires de la Ville… il faut croire que les militants UMP avaient, eux, obtenus un droit de présence particulier).
Rappelant l’extrême faiblesse des écarts de voix qui ont séparé les deux listes, et précisant qu’après vérifications, de nombreuses irrégularités semblaient entacher la sincérité du scrutin, M. MEDVEDOWSKY a indiqué avoir usé de son droit légitime à déposer un recours devant les juridictions administratives. Pour autant, malgré les doutes qui subsistent quant à la légalité de l’élection, le devoir des 13 élus de « Tous ensemble pour Aix » était de siéger au conseil, parce que notre groupe le doit à nos nombreux électeurs, parce que nous sommes soucieux de la continuité de l’action municipale. Surtout, la présence de nos 13 élus est indispensable pour garantir aux Aixois qu’aucun abus de droit dont ils seraient les victimes ne restera silencieux : « nous ne laisserons rien passer, et nous saisirons les juridictions de ce pays chaque fois que cela sera nécessaire pour défendre l’intérêt des Aixois ». Pour information, l’opposition siège unie au sein d’un même groupe réunissant socialistes, démocrates, écologistes et société civile.
A l’issue de cette première prise de parole de l’opposition, l’élection du Maire s’est déroulée sans surprise : Mme JOISSAINS a pris possession de la Ville par désignation de ses 42 colistiers… le groupe « Tous ensemble pour Aix » ayant refusé de prendre part au vote (ainsi qu’à ceux des adjoints, adjoints de quartier et adjoints spéciaux).
C’est donc le troisième discours politique qui était le plus attendu : celui de Mme JOISSAINS, nouvellement instituée dans ses fonctions. Elle qui avait déclaré, dimanche soir dernier, qu’elle serait « le Maire de tous les Aixois », y compris des 49,8% qui lui ont refusé leur confiance, a visiblement ravisé sa position… « M. Medvedowsky, vous êtes pathétique car il faut savoir perdre dans l’honneur »… venant de la part de quelqu’un qui, de l’avis même du Conseil d’Etat, ne sait pas « gagner » dans l’honneur, la remarque fait sourire. Là encore, les Républicains noteront que l’usage d’un droit légitime (celui de déposer un recours pour s’assurer de la sincérité d’un scrutin) est, pour cette élue à l’Assemblée Nationale, ni plus ni moins que la marque d’un mauvais perdant… comme si une élection était un jeu. Passons.
Que les choses soient clairement entendues dans la Ville : Mme JOISSAINS ne regrette rien, et surtout pas les propos et écrits outrageants à l’égard de la plus haute juridiction de notre République. La victime, c’est elle. C’est elle qui a été diffamée (ah bon ? quand ?), c’est son honneur qui a été atteint (ah bon ? quand ?). L’injustice l’aurait de nouveau frappée, elle qui n’a comme seule obsession que l’intérêt général d’Aix… Sourires de son époux et de sa fille…
Les procédures de vote des adjoints se sont ensuite poursuivies, les uns et les autres allant chercher leur écharpe sous les étreintes de leur Sainte Madonne. Le « clan » reprend ses quartiers.
Arrive alors le moment tant attendu. Celui où les masques sont tombés. Ce moment si important pour la suite du mandat, car il révèle (si besoin en était encore) toute la conception du « clan » quant à leur pratique du pouvoir et de la démocratie : l’élection des conseillers municipaux devant siéger pour Aix au sein de la Communauté d’agglomération.
Précisons que cette élection permet à l’opposition municipale d’être représentée, et qu’il est de tradition républicaine (jamais rompue depuis l’avènement de l’intercommunalité) que l’opposition désigne librement ceux en leur sein qui exerceront ce mandat. Généralement, une liste de noms est proposée à l’équipe majoritaire, laquelle les inclu sans contestation sur la liste des 48 élus titulaires et 3 élus suppléants de la Ville. On parle ici de 6 élus d’opposition sur 48.
Seulement voila. Mme JOISSAINS, cette fois, refuse de se conformer à la tradition républicaine. La liste lui va, sauf 1 nom… celui de François-Xavier de PERETTI, contre lequel elle voue une haine personnelle à peine voilée dans ses propos. Non, aucun argument juridique ou politique n’a été avancé pour justifier cette décision consternante… juste de la haine, rien que de la haine, encore et toujours de la haine.
Cette décision est un affront, une provocation, à l’endroit de l’opposition municipale et de ses électeurs. Non contente de choisir la composition de sa majorité (ce qui est normal), Mme JOISSAINS entend également choisir la composition de son opposition. Elle veut regner sur tout, sans aucun contre-pouvoir qu’elle n’aurait elle-même choisi. Rien ne la fait changer de comportement, ni le rappel au respect des électeurs lancé par MM. MEDVEDOWSKY et GUERRERA, ni même l’appel au ‘retour à la raison’ lancé par M. André GUINDE (qui, soit disant, est le seul opposant pour qui elle aurait du respect et de la considération).
Non, le « clan » des Joissains est mû par un esprit de revanche despotique. La Ville leur appartient, et ceux qui contestent leurs décisions n’ont qu’à aller se rhabiller ailleurs. L’ingérance dans les affaires de l’opposition est caractérisée. L’abus du pouvoir aussi. Personnellement, je ne peux que souscrire aux propos de François-Xavier de PERETTI : « Vous dispensez des reproches sans explications, sinon la passion qui vous gouverne… apprenez donc à vous gouverner vous-même avant de prétendre gouverner une Ville ».
Evidemment, face à l’obstination anti-démocratique du « clan » Joissains, l’ensemble des élus de l’opposition a affirmé son intention de démissionner, si jamais certains d’entre eux devaient être élus sur la liste des candidats proposés par Mme JOISSAINS. Et bien évidemment, tous ont quitté la séance de ce conseil municipal qui n’a été, depuis son ouverture, qu’une mascarade de démocratie.
Aix n’en a pas fini avec les années sombres qui la plombent depuis 2001… Le pire est sans doute devant nous !