Universités d'Eté du PS... on progresse, on progresse...

Publié le par Benoit PETIT

Martine Aubry, à la tribune de l'université d'été du PS à La Rochelle, le 28 août.


L’Université d’Eté du Parti Socialiste à la Rochelle a sans doute moins passionné les médias et l’opinion que les Journée d’été d’ « Espoirs à gauche » de Vincent PEILLON. Pour autant, l’importance de l’évènement n’en a pas été affectée sur le fond. Car les deux grandes questions de cette rentrée politique – les primaires et les alliances aux régionales – sont devenues incontournables : pour une fois, ce sont les forces d’opposition qui ont créé l’actualité politique, et le positionnement officiel du PS et de ses ténors était de ce fait très attendu par les militants de gauche et du centre… et plus généralement par les Français en quête d’alternance.

 

Première observée, Martine AUBRY s’est livrée à un triple exercice pour le moins compliqué : tenter de rassurer à la fois les partisans d’un PS rénové (dans ses alliances et dans son fonctionnement interne) et ceux qui craignent que ladite rénovation ne trahisse en fin de compte les valeurs de la gauche et du socialisme ; évoquer le fond sans évacuer trop hâtivement les questions de forme ;  imposer sa légitimité de Première secrétaire sans pour autant froisser les nombreux courants qui composent le parti… la tâche était ardue, d’autant plus que les résultats des européennes (et notamment la concurrence d’Europe Ecologie au sein de la gauche) a considérablement affaibli la Première secrétaire contre laquelle de nombreuses voix s’étaient élevées ces dernières semaines pour critiquer (en interne et en externe) la gestion. Personnellement, je trouve que Martine AUBRY s’en est finalement pas trop mal tirée… à défaut de m’avoir convaincu entièrement sur le fond.

 

Sur la question des primaires, le processus semble désormais officièlement engagé au sein du parti : qualifiées par la Première secrétaire de « chance extraordinaire », les primaires feront l’objet – sur leur principe - d’une consultation des sympathisants (et non uniquement des militants), ce qui dénote une volonté certaine d’ouverture au-delà des frontières stricto sensu du PS. Certes, ces primaires sont conçues comme un mode de désignation du candidat socialiste pour 2012, et non comme celui du candidat de l’ensemble des forces progressistes du pays. Mais face aux fins de non-recevoir adressés par les autres formations de gauche et (de façon moins explicite) par le MoDem – en tout cas, pour l’heure – Martine AUBRY pouvait difficilement aller au-delà. Et même si cette démarche d’ouverture me semble encore insuffisante pour espérer gagner contre Nicolas SARKOZY dans 3 ans, elle reste malgré tout une avancée notable (et appréciable) qu’il convient de saluer.

 

Sur la question des alliances, et notamment des alliances avec le MoDem, mon jugement sera plus sévère. Pour Martine AUBRY, les démocrates doivent démontrer qu’ils sont de gauche avant que ne soit envisagée sérieusement l’association de coalition… comme si au PS, l’on ignorait qu’une partie substantielle des militants démocrates viennent de la gauche ; comme si au PS, l’on ignorait toutes ces coalitions municipales qui démontrent, depuis plusieurs mois maintenant, que les socialistes et les démocrates sont capables de gérer ensemble des exécutifs ou des oppositions, dans le respect des valeurs et des identités de chacun, mais surtout dans une même volonté de construire une alternative de projet face à la majorité présidentielle. J’en veux pour preuve Aix-en-Provence et Marseille… ou encore Lille, ville que la Secrétaire nationale connaît particulièrement bien.

J’entends les arguments de ceux qui disent que le MoDem, c’est aussi des militants et des cadres qui viennent de l’ex-UDF, ce parti du centre-droite qui a été l’alliée du feu RPR pendant des années. Et c’est vrai : le MoDem n’est pas un parti exclusivement issu de la gauche, seulement en partie. Pour autant, le PS ne doit pas oublier que ces ex-UDF ont eu le courage, l’audace, les convictions de rompre avec l’UMP, renonçant ainsi à leur confort électoral, prenant le risque de perdre une grande partie de leurs cadres, militants et électeurs. Ceux qui, à gauche, sont hostiles au MoDem croient-ils que ce genre de décision est anodin ? D’accord, le MoDem ne se déclare pas officièlement de gauche. Et après ? Est-ce là l’important ?

 

Certes, je reconnais que le discours de Martine AUBRY entr’ouvre une porte qui, jusqu’à présent, était scellée, cadenassée et gardée par des dogmes d’un autre âge. Le PS considère aujourd’hui, officièlement, que le dialogue avec le MoDem est envisageable. A la bonne heure ! Mais la Première secrétaire commet une erreur, selon moi, de considérer que l’appartenance à la gauche (appartenance que le MoDem, donc, doit prouver) est le socle à partir duquel la reconquête du pouvoir se réalisera. En caricaturant un peu le raisonnement, faudra-t-il que les électeurs prouvent leur appartenance à la gauche avant de voter, au premier ou au second tour, pour le ou la candidat(e) que présentera le PS ? Une présidentielle, c’est avant tout une dynamique de rassemblement. Si les socialistes pensent qu’ils peuvent être majoritaires uniquement sur la base de la gauche, il y a fort à parier que 2012 et toutes les autres élections présidentielles seront perdues pour eux… Comme l’a fort justement asséné Daniel COHN-BENDIT aux militants des Verts : « Vous voulez une majorité ou vous voulez avoir raison ? »… la question se pose dans ces mêmes termes aussi aux socialistes !

 

Il est grand temps que nous cessions, gauche et démocrates, de nous regarder en chiens de faïence. Nous devons comprendre, les uns et les autres, qu’il n’est nul besoin d’être identiques pour s’associer et travailler ensemble. Que les différences, et surtout le dépassement des différences, sont les sources du progrès, notre richesse commune que nous devons mettre à la disposition des Français. S’il y a bien une valeur que nous partageons, gauche et démocrates, c’est celle-là : la conviction que la diversité est mère de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Tachons de ne pas l’oublier.

 

Et ceux qui persistent à vouloir exclure le MoDem des alliances, au seul motif que les démocrates ne se revendiquent pas de gauche, devraient s’interroger sur la pertinence de leur raisonnement… Car si tout le monde se met à jouer aux imbéciles, personne ne s’alliera avec personne ! L’on pourrait en effet considérer que les valeurs et les combats de l’écologie ont plus d’importance que ceux de la gauche (ce que disent désormais les Verts, pourtant de gauche), or sous ce prisme là, c’est le PS qui se retrouverait exclu du jeu des alliances… car jusqu’à présent, sur la question des OGM, du nucléaire, de la fiscalité écologique, de la gestion des déchets, des transports, etc… les socialistes n’ont pas encore démontré, dans leur globalité, qu’ils étaient des écologistes convaincus !

Alors quoi ? Doit-on continuer à exclure, à stigmatiser, à railler l’autre et ses différences ? Doit on continuer à opposer systématiquement des valeurs et des idées, au nom de la suprématie (très relative) d’autres valeurs et idées ? Nicolas SARKOZY, et après lui Jean-François COPE et Xavier BERTRAND ont de beaux jours devant eux, si tel devait être le cas !!

 

Le changement que les Français attendent de nous est là, et nulle part ailleurs. Ils veulent que nous nous parlions. Ils veulent que nous trouvions des convergences entre nous. Ils veulent que nous apprenions les uns des autres, pour eux, pour nous, pour le pays. Ils veulent que nous leur proposions un projet, qui rassemble la gauche, les écologistes et les démocrates.

Et quand j’entend Martine AUBRY parler de non-cumul des mandats, quand j’entend parler Arnaud MONTEBOURG de 6e République, quand j’entend parler Marielle de SARNEZ de justice sociale, quand j’entend parler Daniel COHN-BENDIT et Corinne LEPAGE de développement durable… etc… etc.. etc… je me dis que ce projet commun est accessible, pour peu qu’on le veuille !

 

Oui ! Ces Universités d’été du Parti socialiste ont fait avancer le schmilblick. Oui ! Martine AUBRY a annoncé de bonnes décisions. Mais non ! Ce n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin, jusqu’au bout de la démarche. C’est maintenant que tout devient possible… c’est maintenant qu’il faut démontrer aux Français que « les meilleures idées finissent par faire leur chemin, lentement » (selon les mots de Ségolène ROYAL)       

 

 

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