Hommage aux assistants parlementaires européens !

Publié le par Benoit PETIT



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Dans le cadre de mon cursus au sein de l’Ecole d’avocats, j’ai eu l’immense privilège d’effectuer un stage de 6 mois en tant qu’assistant parlementaire de Jean-Luc BENNAHMIAS, Eurodéputé, membre de la commission « Emploi et affaires sociales » du Parlement européen. Cette semaine mon stage s’achève et je voulais (avant de rejoindre d’autres horizons) rendre hommage à ceux qui, dans l’ombre de l’élu, réalisent un boulot formidable et injustement méconnu du grand public : les assistants parlementaires.

 

Un bon élu est avant tout celui qui sait constituer autour de lui une équipe efficace. Car non-seulement il faut abattre une masse de travail très impressionnante (entre les courriers des électeurs et des réseaux socio-professionnels, le suivi du travail législatif, les relations médias, les réunions diverses et variées…), mais il faut surtout « sentir » les dossiers et les problématiques qui sont soumis à l’élu. En d’autres termes, il faut avoir à la fois des qualités de rigueur et d’organisation, des connaissances techniques et – le plus important – du talent, du « flair » politique, la conscience de ce qui peut-être soit un piège, soit une opportunité. Dans un monde comme le notre, où tout faux-pas (même le plus anodin en apparence) prend une ampleur insoupsonnable, parce que les médias, parce que l’exigence (légitime) des citoyens, il est essentiel pour l’élu que son équipe soit au top niveau.

 

J’ai personnellement trouvé que le boulot était souvent très ingrat : les heures passées à rédiger des communiqués de presse – à 95% sur des enjeux de fond, essentiels pour les citoyens – qui, au final, ne sont pas repris par les médias ;  à décortiquer une proposition de texte législatif, à l’analyser sous toutes ses coutures, à formuler des amendements, à rechercher des soutiens dans son groupe et au-delà, pour que ce travail soit, en définitive, complètement ignoré du grand public, y compris lorsque le processus aboutit à de vrais progrès pour tous ; à relayer auprès des institutionnels les problèmes que nos concitoyens rencontrent au quotidien, par des questions écrites, par des interventions en séance, sans que cela ne se sache véritablement au-delà de la sphère des personnes concernées. Oui, ce boulot est ingrat parce que notre système démocratico-médiatique se désintéresse franchement du travail de fond qui est réalisé par l’élu et son équipe.

Par exemple, qui d’entre vous, sait qu’au cours de ces 6 derniers mois, le Parlement européen a travaillé sur l’instauration d’un dispositif de microfinancement à destination des chômeurs, des jeunes, des personnes en situation de précarité sociale qui souhaitent créer leur propre micro-entreprise (et donc leur propre emploi) ? Que plusieurs textes sont actuellement dans les tuyaux pour améliorer le régime des congés maternité/paternité, pour aménager (et sécuriser) le temps de travail et les conditions de travail des chauffeurs routiers, pour encadrer le recours aux travailleurs saisonniers venant d’autres Etats membres… ? Qui a eu vent des interventions de nos parlementaires européens sur les enjeux des services publics, du développement de l’Economie sociale, de la protection sociale des pompiers volontaires, de la défense des intérêts professionnels des vétérinaires… ? Vous a-t-on seulement informé des auditions qui ont eu lieu s’agissant des Commissaires européens désignés ? Bien sur que non. Vous n’avez eu droit, hélas, qu’aux petites phrases politiciennes, vous laissant faussement croire que nos élus ne se préoccupent que de leurs petites histoires tactiques. C’est ingrat, mais c’est surtout injuste et anormal, ne serait-ce que par rapport à la somme de travail que tous ces assistants parlementaires ont consciencieusement abattu, avec sincérité et convictions… pour chacun d’entre vous !

 

Mais si le boulot est indiscutablement ingrat, il procure aussi des joies intenses. Celles, parfois, de constater qu’un amendement que l’on a mis du temps à concevoir, que l’on a défendu bec et ongle, a finalement été adopté en séance, quelques fois contre toute attente. Celle de rencontrer des gens incroyablement brillants, venus de toute l’Europe, et qui partagent avec vous leurs expériences, leur pensée, leurs actions. Celles, surtout, de lire les mails de remerciement envoyés par ces citoyens, associations ou groupes socio-professionnels dont on a défendu la cause, qui ont enfin été entendus et considérés, et qui vous témoignent leur reconnaissance (et je vous garantie que la plupart du temps, ces causes n’ont aucune portée électoraliste).

 

Pendant 6 mois, j’ai vécu la vie de ces assistants parlementaires. Je suis arrivé avec l’objectif d’apporter mon expertise de juriste en droit social et communautaire… J’en ressors avec toute l’expérience technique et humaine que ces assistants m’ont généreusement transmise. J’ai rencontré des gens formidables, qui ont toujours fait preuve de disponibilité malgré la pression, qui m’ont immédiatement acceuilli comme l’un des leurs, qui m’ont fait confiance, et, grace à eux, j’ai pu faire avancer quelques unes des convictions qui me tiennent à cœur, notamment sur l’économie sociale.  

 

Je tiens donc à rendre hommage à tous les assistants parlementaires du Parlement européen, et plus particulièrement ceux de la délégation française du groupe ALDE (les assistants de Corinne LEPAGE, Marielle de SARNEZ, Jean ROCHEFORT, Nathalie GRIESBECK, Sylvie GOULARD).

Et plus qu’un hommage, un vrai témoignage d’amitié à Erwan QUINIO, l’assistant de Jean-Luc BENNAHMIAS qui, outre le fait de m’avoir véritablement acceuilli dans les meilleures conditions possibles et m’avoir fait confiance au-delà de ce que j’espérais, est sans doute l’une des plus belles rencontres que j’ai pu faire ces derniers mois. (PS… je vous invite tous à aller visiter le site de l’association qu’Erwan a montée avec des amis européens, « Génération 112 », qui traite avec qualité des problématiques de la jeunesse vis-à-vis de l’Europe… ainsi que les émissions de radio qu’ils animent sur des sujets de fond très importants).

 

Que vous aimiez ou non les personnalités de tel ou tel élu, que vous partagiez ou non leurs options politiques, la prochaine fois que vous émettrez un jugement de valeur sur le travail qu’ils ou elles accomplissent, pensez que malgré les apparences (fausses) que les médias distillent, il y a derrière chaque élu une équipe qui fait un boulot incroyable, qui mérite le respect… Vous pouvez dire « j’aime ou j’aime pas l’orientation de leur politique », mais s’il vous plait, ne dites plus « ils ne foutent rien »… pour vous en convaincre, allez donc rencontrer les assistants parlementaires. Vous ne verrez plus la politique avec le même regard !

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